28/01/11 au 31/01/11 : Séjour cascades de glace à Cogne

Après une année blanche en cascades de glace l'hiver dernier pour cause de problèmes aux doigts, nous repartons cette année pour une destination que nous connaissons bien, le val de Cogne en Italie.
Cogne est un ensemble de villages qui se trouvent au fond d'une vallée au dessus d'Aoste, sous le versant est du Grand Paradis.
Cela fait maintenant plus de dix ans que nous fréquentons régulièrement l'endroit en hiver pour profiter de toutes ces belles lignes éphémères qui gèlent. C'est un endroit réputé pour la pratique de la cascade de glace avec des conditions souvent bonnes du fait d'un micro climat très froid.
Nous avons eû beaucoup de chance cette année avec les conditions et la météo. Les vallons dans lesquels se trouvent les cascades sont très avalancheux. Mais après un mois sans chutes neige, il n'y a aucun risque. De plus, les cascades sont très fournis cette année. Enfin, nous avons eû une météo très clémente qui nous a permis de grimper les quatre jours.
J'ai déjà gravi un bon nombre de cascades à Cogne, mais il m'en reste encore quelques unes à faire. C'est l'occasion cette année, vu les bonnes conditions de compléter la liste.
Nous attaquons le premier jour par une cascade pas trop difficile, histoire de se mettre en confiance. Je n'avais jamais gravi cette ligne. Quelques ressauts bien raides entrecoupés de pentes de neige, qui plus est, au soleil, nous occupent une bonne partie de la journée. Nous referont la première longueur par une variante bien verticale sur une dizaine de mètres qui me permet de me tester physiquement et moralement. Tout se passe bien, les sensations sont là.
Je décide d'aller me frotter le lendemain à une cascade dans laquelle j'avais pris un but il y a quelques années pour cause de glace trop fragile.
Après deux longueurs faciles, un premier  free-standingfree-standing (colonne de glace pendant dans une voûte rocheuse) de 10m vertical nous attend. La glace est bonne, peu travaillée. Je négocie cette première difficulté sans soucis. Après deux autres longueurs faciles, on arrive au pied du 2me free-standingfree-standing. C'est la longueur clé de la voie.
C'est très raide sur une vingtaine de mètres avec une glace très travaillée, peu propice à trouver de bons placements pour les broches d'assurage. Ce type de glace est aussi un vrai casse-tête pour les ancrages de piolets et les crampons.
Quentin va voir au pied mais renonce vite à gravir cette longueur en tête. Ce n'est pas le challenge physique qui l'impressionne (étant moniteur d'escalade comme moi, il a une certaine résistance à la fatigue dans les bras) mais il ne voit pas trop comment se protèger efficacement dans la longueur.
Finalement, je m'y colle et ça passe plutôt bien avec un peu d'expérience, du temps et de la concentration.
Mes deux compagnons, Quentin et Gaël, remontent cette belle longueur en second et en profiteront pleinement, sans stress.
Le troisième jour nous voit revenir sur une cascade que j'ai déjà gravi. Mais il existe une variante de sortie en haut, bien plus difficile que la sortie classique et que je n'ai jamais faîte. Je laisse le soin à Gaël et Quentin de faire les longueurs du bas en tête (c'est bien dans leu niveau) et je m'occuperai de la grosse colonne du haut.
Malheureusement, les conditions de cette longueur difficile se révèleront mauvaises. Il fait moins froid que les autres jours car la nuit a été nuageuse.
Arrivé au pied, c'est la douche. Le cigare coule. Au delà du fait que je vais me faire rincer (s'il n'y avait eû que ce soucis là, j'y serais allé), le principal problème de cette longueur aujourd'hui est que l'eau rend la glace très molle (même par -5°). Pour espèrer trouver de la bonne glace afin d'ancrer les engins et brocher, il va falloir "déblayer" cette première couche pourrie. Ca va prendre du temps, sans être sur que cela soit réalisable (sécurité douteuse) et le tout sous une douche par -5°.
Il faut se faire une raison. Ce n'est pas aujourd'hui que je gravirai Patry de droite. Une autre cordée tentera comme moi, et comme moi, renoncera.
Nous gravissons la sortie de gauche par une ligne que je n'avais pas encore faite. J'ai pris un but, mais nous avons passé une bonne journée quand même.
Mes compagnons commencent à sentir la fatigue après trois jours de grimpe au froid. Pour ma part, je suis bien en forme.
Pour le dernier jour, nous choisissons une cascade avec peu de marche d'approche pour ne pas repartir trop tard.
Direction Thoule, une cascade à l'entrée du vallon de Valnontey. J'ai déjà gravi cette cascade. Je laisserai donc le soin à Quentin et Gaël de passer en tête dans les longueurs qui correspondent bien à leur niveau. La glace est bonne, ils se font bien plaisir dans ce niveau de difficulté.
Le séjour s'achève tranquillement, il faut penser à rentrer. Nous avons eû de très bonnes conditions cette année à Cogne (ça n'a pas toujours été le cas). Pour ma part, une bonne forme physique et un bon mental m'ont permis de me mettre vite dedans sachant que je n'avais pas encore grimper en cascade de la saison.
Vivement l'année prochaine, même si la saison de cascades n'est pas encore fini.